Chaque jour qui passe rĂ©serve son lot de surprises et de rebondissements avec la nature humaine. Comme les saisons se succĂšdent, inlassablement, les mutations dans notre sociĂ©tĂ© sâenchaĂźnent et sâenchevĂȘtrent dans une comĂ©die et une parodie qui oscillent entre caricature et satire sociale.
La GuinĂ©e vit une fresque de son histoire, dans un tourbillon riche dâenseignements pour aujourdâhui et demain. Chacun a compris que les hommes sont trĂšs versatiles et quâil ne faut jamais se fier Ă leurs opinions ni croire que leurs choix sont dĂ©finitifs.
Ceux qui se plaisaient Ă condamner les autres de servir un rĂ©gime et de soutenir un homme qui est Ă la tĂȘte du pays, parce quâeux auraient des convictions et seraient attachĂ©s Ă des valeurs, rivalisent dâardeur et de zĂšle pour afficher leur appartenance au pouvoir Ă©tabli, leur dĂ©vouement au Prince.Comme pour dire : « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais » ! Selon que je sois invitĂ© autour de la table ou languisse dâattendre mon tour, je vois le monde en rose ou mâillustre dans les offenses et les outrages.
Et, comme la roue tourne, le discours continuera de vaciller au risque de prendre des rides et de briser des rĂȘves intimes, longtemps ignorĂ©s de tous et considĂ©rĂ©s comme impossibles Ă rĂ©aliser en temps normal et dans les conditions habituelles. Si lâhistoire est Ă©crite par les vainqueurs, elle se fait avec les hĂ©ros de lâheure, donc ne peut sâencombrer souvent des scrupules du passĂ© ni disposer, Ă certains moments, de la luciditĂ© dâentrevoir les piĂšges du prĂ©sent et les complications de lâavenir. On prend les mĂȘmes et on recommence :
« Tout change pour que rien ne change », voilĂ le cycle sans fin dâune symphonie jamais achevĂ©e quâil nous est donnĂ© de revivre chaque fois dans la monotonie du temps et le bĂ©gaiement dâune histoire paresseuse.On dĂ©couvre ce quâon savait dĂ©jĂ , que la pudeur ne permet pas de reconnaĂźtre ni dâadmettre encore, que la vertu rejette ou nĂ©glige Ă bon escient : tous les hommes â quasiment â sont mĂ»s par leurs intĂ©rĂȘts et chacun espĂšre se vendre au prix quâil mĂ©rite et quâil fixe aussi.
« On mâachĂšte, mais je ne me vends pas », pourrait dire chacun comme Mirabeau, pour se dĂ©fendre dâavoir Ă©tĂ© achetĂ© par la cour des Tuileries. Mais qui se vend ? Qui achĂšte aussi qui ?Ă prĂ©sent que les choses sont plus claires et que nous avons une meilleure comprĂ©hension des variations possibles chez chacun, il apparait que nul nâest immunisĂ© contre les trahisons. Cela rend la vie plus simple pour tous, et le dĂ©bat pourra ainsi se dĂ©rouler sans passion, surtout avec moins de forfanterie et de duperie.
Tant quâon vivra, on souffrira des changements que la nature impose, que les hommes portent dans leurs gĂšnes et quâils cherchent toujours Ă exploiter ou retourner Ă leur avantage, en alliant « adaptabilitĂ© » au contexte et « compatibilitĂ© » avec le rĂ©gent.Qui osera jeter la premiĂšre pierre dans cet univers kafkaĂŻen oĂč lâinstinct de survie est devenu le maĂźtre de chacun ?Tibou Kamara