Les activistes des droits des filles et femmes dénoncent une maladresse dans les propos tenus par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Bogola Haba, lors de son passage à N’zérékoré dans le cadre de l’immersion gouvernementale dans la région forestière. Ses déclarations, évoquant les mariages précoces comme facteur de déscolarisation des jeunes filles, ont suscité de vives réactions au sein de l’opinion publique. Interrogée par notre rédaction ce lundi 10 février 2025, Oumou Hawa Diallo, activiste féministe et défenseure des droits des filles et des femmes en Guinée, a partagé son analyse critique tout en appelant à une prise de conscience.
« Concernant la sortie du ministre de la Jeunesse, je pense que, pour un début, il a eu le mérite de dénoncer le mariage précoce et forcé, ainsi que la déscolarisation des jeunes filles, qui sont des facteurs entravant leur épanouissement. Cependant, il a également abordé la question de la virginité des jeunes filles, des propos que je trouve très déplacés, surtout de sa part. Il n’a pas su choisir les mots appropriés lors de son intervention », a-t-elle déclaré.
Elle a ensuite souligné que « la virginité est une construction sociale qui ne devrait pas être utilisée pour juger la valeur, l’intégrité ou la dignité d’une jeune fille ou d’une femme. Cette notion repose sur des normes patriarcales et des attentes sociales souvent oppressives, qui réduisent les femmes à leur sexualité plutôt qu’à leurs capacités, leurs talents et leurs aspirations. Dans ses propos, le ministre n’a pas pris en compte le fait que les violences sexuelles et les pressions sociales peuvent également affecter la vie sexuelle des jeunes filles. Il est essentiel de déconstruire ces stéréotypes et d’aborder la question de la sexualité avec respect et éducation. »

Oumou Hawa Diallo a également rappelé le rôle que le ministre aurait dû jouer en faveur des jeunes filles : « En tant que ministre, il est important de lui rappeler sa mission : poser des actes concrets en faveur des jeunes filles, investir dans la santé sexuelle et reproductive, et mener des actions permettant aux jeunes d’accéder à des informations fiables sur la sexualité. »
Les propos du ministre Bogola Haba, bien que partiellement pertinents dans leur dénonciation des mariages précoces et de la déscolarisation, ont été entachés par des remarques inappropriées sur la virginité, jugées déplacées et réductrices. Ces déclarations ont mis en lumière la nécessité d’une approche plus éducative et respectueuse des questions liées à la sexualité et aux droits des jeunes filles.
Les activistes comme Oumou Hawa Diallo appellent à une prise de responsabilité accrue des autorités pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en déconstruisant les stéréotypes patriarcaux et en investissant dans des programmes éducatifs et sanitaires adaptés.
Barry 3 pour miroirguinee.com