Dans une architecture institutionnelle bien définie, les compétences et attributions des différentes autorités sont strictement encadrées par la loi. Ainsi, le président d’une institution comme le Conseil National de la Transition (CNT) détient la légitimité pour parler en son nom, puisqu’il est censé être informé en permanence des affaires internes qui s’y déroulent. À l’inverse, un ministre des Affaires étrangères, dont le champ d’action est tourné vers l’extérieur, ne peut prétendre s’exprimer sur des questions internes sans une prise d’informations préalable. Cette distinction fondamentale illustre la rigueur et la prudence nécessaires dans la communication institutionnelle, notamment en diplomatie où chaque mot peut avoir des répercussions stratégiques et juridiques.
Selon Jean Paul Kotembedouno, un des Conseillers du CNT, le Ministre des Affaires Étrangères doit s’informer auprès du président du CNT avant de donner une quelconque information de cette institution.
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«Le fonctionnement harmonieux des institutions repose sur le respect des compétences définies par la loi. La loi organique portant Règlement Intérieur (RI) du Conseil National de la Transition (CNT) confère au président de cette institution le pouvoir de la représenter et de s’exprimer en son nom. Cette prérogative est justifiée par le fait qu’il est en principe le mieux informé de tout ce qui s’y passe, qu’il s’agisse des débats internes, des décisions adoptées ou des positions officielles à défendre.
À l’inverse, un ministre des Affaires étrangères (MAE) n’a, par définition, aucune connaissance directe et immédiate des affaires internes du CNT. Son domaine d’action relève essentiellement des relations internationales et du droit international, où les enjeux diplomatiques imposent une rigueur et une prudence particulières. Son autorité pour parler d’un sujet interne n’existe qu’à la condition qu’il ait pris la peine de s’informer en amont.
La nécessité de la prudence dans les déclarations diplomatiques
En diplomatie, la parole engage l’État. Chaque déclaration d’un ministre des Affaires étrangères peut être scrutée, interprétée et exploitée par d’autres acteurs sur la scène internationale. De ce fait, les diplomates, qu’ils soient de formation ou de fonction, doivent maîtriser l’art de la communication stratégique. Cela implique une grande subtilité dans le choix des mots et une prudence constante dans la formulation des discours.
L’expérience montre que des prises de position maladroites ou des déclarations précipitées peuvent avoir des conséquences diplomatiques inattendues. C’est pourquoi un ministre des Affaires étrangères, avant de commenter un sujet, notamment lié à une institution interne comme le CNT, doit d’abord analyser l’impact potentiel de ses propos au regard des principes du droit international et des relations entre États.
L’organisation institutionnelle repose sur une répartition claire des compétences. Le président du CNT, en tant que chef de l’institution, détient naturellement la légitimité pour en parler et en défendre les positions. Le ministre des Affaires étrangères, quant à lui, ne peut s’exprimer sur de telles questions qu’en étant dûment informé et en mesurant la portée de ses déclarations sur la scène internationale. Cette rigueur est d’autant plus essentielle en diplomatie, où la précision des mots et la maîtrise des discours constituent des outils stratégiques incontournables.
Si la loi organique portant RI du CNT confère au président de celui-ci compétence pour représenter et parler au nom de l’Institution, c’est parce qu’il sait tout ce qui s’y passe.
Un Ministre des Affaires étrangères n’en sait absolument rien, par principe, au départ. Il ne peut avoir une idée ou même avoir autorité pour en parler qu’à supposer qu’il s’informe. Évidemment qu’il ne s’informe que lorsqu’il mesure, au regard du droit international et dans les relations internationales, la portée des déclarations d’un ministres des affaires étrangères.
En général, la prudence dans les déclarations et la subtilité dans les choix terminologiques sont des éléments de l’identité des diplomates de formation ou, même uniquement, de fonctions.» A expliqué Jean Paul Kotembedouno, conseiller au CNT
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