Conakry, le 14 mars 2025 – La Guinée franchit une étape décisive dans sa quête de gouvernance efficace avec le lancement officiel du Programme de Réforme de l’État et de Modernisation de l’Administration. L’événement s’est tenu ce vendredi dans un complexe hôtelier de la capitale, réunissant hauts responsables gouvernementaux, experts nationaux et internationaux, ainsi que des partenaires au développement.
Un enjeu vital pour la transition
Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre Amadou Oury Bah a insisté sur l’importance cruciale de cette réforme, qu’il a qualifiée de « vitale ». Selon lui, la Guinée a trop longtemps été enfermée dans un cycle de crises récurrentes, empêchant le pays de se développer de manière durable.
> « L’objectif de la transition actuelle est de rompre avec cette instabilité structurelle et de bâtir un État capable de répondre aux attentes des citoyens. Trop souvent, les politiques publiques ont été pensées autour d’individus ou de groupes d’intérêts, sans réelle prise en compte des dynamiques sociologiques profondes de notre société. Il est temps de changer cette approche », a déclaré le chef du gouvernement.
Un diagnostic sans complaisance
Les autorités ont reconnu les multiples dysfonctionnements qui plombent l’administration publique guinéenne. Faya François Bourouno, ministre de la Fonction publique, a dressé un tableau sans concession des obstacles à surmonter :
Une confusion entre fonctions politiques et administratives, qui nuit à la stabilité des services publics ;
Une dévitalisation des structures ministérielles par la multiplication des agences et bureaux parallèles, affaiblissant les directions nationales ;
Une externalisation abusive de la conception des politiques publiques, souvent confiée à des cabinets privés au détriment des compétences internes ;
Un manque de plan de carrière pour les fonctionnaires, entraînant une précarité et un manque de motivation du personnel ;
Des nominations basées sur le favoritisme, le népotisme et des considérations ethniques, au détriment du mérite et de la compétence.
Vers une administration moderne et performante
La réforme engagée vise à rationaliser les politiques publiques et améliorer l’efficacité des services de l’État. Elle repose sur plusieurs piliers :
1. Clarification des rôles administratifs et politiques, afin de garantir la stabilité de la fonction publique ;
2. Réduction des structures redondantes et optimisation des effectifs, notamment par une déconcentration des services vers les préfectures et sous-préfectures ;
3. Intégration du numérique dans l’administration, pour simplifier les procédures et améliorer la transparence ;
4. Mise en place d’un recensement administratif exhaustif, afin que chaque citoyen soit connu et répertorié dans les bases de données de l’État ;
5. Lutte contre la corruption et professionnalisation de la gestion des ressources humaines, pour garantir un service public de qualité.
Un engagement collectif pour la réussite du programme
Pour assurer la mise en œuvre de cette réforme, Djeinaboumady Koma, directeur générale du Programme de Réforme de l’État et de Modernisation de l’Administration, a insisté sur l’importance d’une collaboration étroite entre les acteurs institutionnels et les partenaires au développement.
« Moderniser l’administration et réformer l’État ne sont pas des choix, mais des impératifs pour garantir la prospérité de notre nation. Nous devons bâtir un État fort, juste et performant, capable d’accompagner les ambitions de la Guinée », a-t-il affirmé.
À l’issue de cette rencontre, un plan d’action structuré sera élaboré, avec un calendrier précis et une estimation des coûts. Ce programme constitue un véritable test pour la transition en cours, qui entend poser les bases d’une gouvernance plus efficace et transparente en Guinée.
Le défi est immense, mais l’ambition est claire : offrir aux citoyens une administration publique plus proche, plus réactive et plus performante.
Barry 3 pour miroirguinee.com