La décision d’accorder une grâce présidentielle à l’ancien chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, continue de susciter des réactions vives sur la scène internationale. Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU, par la voix de son porte-parole Seif Magango, a fermement condamné cette mesure, appelant à son annulation immédiate.
Une Décision Controversée
Condamné à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité en raison de son implication dans le massacre du stade de Conakry en septembre 2009, Moussa Dadis Camara a bénéficié d’une grâce présidentielle accordée par les autorités de transition. Cette décision a immédiatement soulevé de graves interrogations sur le respect des principes de justice et de lutte contre l’impunité en Guinée.
« Cette grâce sape les procédures judiciaires nationales et contrevient aux principes internationaux des droits de l’homme, qui insistent sur le droit des victimes à des recours effectifs ainsi que sur l’obligation des États à protéger et garantir les droits humains et à lutter contre l’impunité », a déclaré Seif Magango.
Une Atteinte aux Droits des Victimes
Le massacre du 28 septembre 2009 reste l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire récente de la Guinée. Plus de 150 manifestants avaient été tués par les forces de sécurité alors qu’ils participaient à un rassemblement pacifique contre la candidature de Dadis Camara à l’élection présidentielle. De nombreuses femmes avaient également été victimes de violences sexuelles. La condamnation de l’ex-chef de la junte était perçue comme une étape cruciale vers la justice pour les familles des victimes.
Avec cette grâce, ces familles se retrouvent dépossédées du droit à un jugement pleinement exécuté. L’ONU et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme estiment que cette mesure envoie un signal alarmant sur la volonté des autorités guinéennes à garantir une justice impartiale.
Un Recul pour l’État de Droit ?
Les autorités de transition, en prenant cette décision, semblent remettre en cause l’engagement du pays en faveur de l’indépendance de la justice. Cette grâce présidentielle pourrait affaiblir la crédibilité du système judiciaire guinéen et ternir l’image du pays sur le plan international.
Alors que la Guinée est engagée dans un processus de transition, cette affaire risque d’accentuer la méfiance à l’égard des autorités actuelles et de provoquer de nouvelles tensions politiques et sociales.
Pour de nombreux observateurs, la justice guinéenne est à un tournant décisif : soit elle affirme son indépendance et son impartialité, soit elle se laisse instrumentaliser par des décisions politiques contestables. L’avenir dira si cette grâce sera maintenue ou si les pressions nationales et internationales parviendront à la faire annuler.
Barry 3 Miroir Guinée