À quelques mois du référendum prévu pour le 21 septembre 2025, l’inquiétude grandit autour des conditions de sa tenue, notamment dans certaines zones rurales. Interrogé par notre rédaction ce samedi, Abdoulaye Kourouma, ancien député et président du Rassemblement pour la Renaissance et le Développement (RRD), n’a pas mâché ses mots. Il appelle à un dialogue national franc pour éviter de répéter les erreurs du passé.
« Jusqu’à présent, dans mon quartier, rien n’a commencé. Hier, on a vu quelques installations, mais aujourd’hui, aucune activité. Et pourtant, à l’intérieur du pays, certains parlent déjà de recensement terminé, alors que nous savons que plusieurs sous-préfectures n’ont même pas encore commencé », déplore-t-il.
Selon lui, la précipitation dans l’organisation du recensement, combinée à l’arrivée imminente de l’hivernage, compromet sérieusement la fiabilité du processus. « En forêt, dès septembre, certains villages deviennent inaccessibles. Les fleuves débordent, les routes sont impraticables. Ce contexte rend tout recensement fiable pratiquement impossible », explique-t-il.
Abdoulaye Kourouma insiste sur la nécessité de trouver une date consensuelle. « Le moment est mal choisi. Le président parle d’élections, mais nous n’avons même pas un fichier électoral. Il faut établir le fichier, l’afficher, le corriger, imprimer les cartes, les distribuer, déployer les agents. Tout cela prend du temps. »
L’ancien parlementaire rappelle que dans l’histoire récente de la Guinée, des recensements bâclés ont souvent été à l’origine des contestations électorales. « À chaque élection, on assiste à des marches, des violences, des revendications. Pourquoi ne pas soigner le mal à la racine ? »
Pour lui, le risque de crise post-électorale est réel si le processus n’est pas transparent et inclusif. « Ce que je crains, c’est qu’on répète les mêmes erreurs. Qu’on fasse semblant de recenser et qu’on organise des élections sur la base d’un fichier contesté. Et après, ce sera la rue, les violences, l’instabilité. »
Face à cette situation, Abdoulaye Kourouma plaide pour un dialogue national immédiat afin de s’entendre sur un calendrier réaliste. « Il est encore temps de rectifier le tir. Mais pour cela, il faut écouter les acteurs, tenir compte des réalités du terrain, surtout à l’intérieur du pays. »
Barry 3 pour miroirguinee.com