Située dans l’ouest de la République de Guinée, à environ 300 km de Conakry, la ville de Boké est aujourd’hui l’un des pôles économiques les plus dynamiques du pays. Son histoire, riche et marquée par les échanges, la colonisation, puis le développement minier, fait de cette cité une vitrine de l’évolution guinéenne depuis l’époque précoloniale. Retrace de son passage notre journaliste ce 15 mai 2025.
Une naissance au carrefour des civilisations
Bien avant l’arrivée des Européens, la région de Boké était déjà habitée par des peuples autochtones, notamment les Baga et les Landoumas. Elle constituait un carrefour d’échanges entre les populations côtières et celles de l’intérieur. Avec son accès à l’océan Atlantique par le Rio Nunez, Boké devient au XVIIIe siècle un site prisé des commerçants européens, notamment les Portugais, les Hollandais et les Français.
C’est en 1865 que la France y établit un comptoir colonial stratégique, marquant la naissance administrative de la ville de Boké. Ce poste servait alors de point d’appui pour l’expansion coloniale vers l’intérieur du pays. L’histoire retient également que Boké fut l’un des principaux centres de la traite négrière avant l’abolition de l’esclavage.
Une ville témoin de l’histoire guinéenne
Sous la colonisation, Boké devient chef-lieu d’un cercle administratif. Elle connaît un développement urbain progressif, avec l’implantation de missions catholiques, d’écoles et de structures de santé. La ville conserve encore aujourd’hui des vestiges architecturaux de cette époque, tels que l’ancien fort colonial, qui attire les visiteurs curieux d’histoire.
Après l’indépendance de la Guinée en 1958, Boké perd un temps son statut stratégique, avant de renaître grâce à la découverte et l’exploitation de la bauxite, dès les années 1970. Cette ressource minière a profondément transformé la région, entraînant un regain d’intérêt économique.
Un pôle minier en pleine croissance
Aujourd’hui, Boké est le cœur battant de l’industrie de la bauxite en Guinée, qui possède les plus grandes réserves mondiales de ce minerai. De nombreuses entreprises, guinéennes et internationales, y opèrent, notamment la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), GAC, et SMB-Winning. Ce boom minier a contribué à une urbanisation rapide, à la création d’emplois, mais aussi à de nombreux défis en matière d’infrastructures, de gestion de l’environnement et de services sociaux.
Défis et espoirs d’une ville en mutation
Avec l’arrivée massive de travailleurs, la pression sur le logement, l’eau potable, l’électricité et les routes est devenue criante. Malgré les investissements dans les infrastructures – construction de ponts, réhabilitation de routes, projets d’électrification – les habitants de Boké dénoncent souvent les retards et les inégalités de développement.
Sur le plan culturel, la ville reste un creuset de traditions et de diversité. Les populations y vivent principalement de l’agriculture, de la pêche et du commerce en plus de l’industrie minière. Boké accueille chaque année des événements culturels régionaux qui valorisent le patrimoine local.
Une ville tournée vers l’avenir
À l’heure où la Guinée s’engage dans une nouvelle dynamique de gouvernance locale et de développement durable, Boké apparaît comme un laboratoire grandeur nature de la cohabitation entre croissance économique et justice sociale. Son avenir repose désormais sur une gestion équilibrée de ses ressources, l’amélioration des conditions de vie de ses habitants et une meilleure planification urbaine.
Boké, hier témoin de l’histoire, aujourd’hui moteur économique, demain peut-être modèle de développement intégré.
Par Barry 3, pour miroirguinee.com