Conakry, 20 mai 2025 – En marge du Forum sur l’avenir de la presse en Guinée, un événement majeur tenu ce mardi dans un réceptif hôtelier de la capitale, le Directeur de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA), le colonel Ansoumane Toumany Camara, a vivement critiqué l’influence des médias étrangers sur la perception de l’Afrique.
Prenant part au panel intitulé « Médias et sécurité : entre droit d’informer et impératif sécuritaire », il a pointé du doigt le rôle qu’il qualifie de « perturbateur » de certaines chaînes internationales dans la circulation de l’information sur le continent.
« Il y a deux aspects fondamentaux que nous ne pouvons pas ignorer. Le premier, c’est le rôle parfois perturbateur des médias étrangers. Pourquoi la France investit des milliards dans RFI et France 24 ? Pourquoi les États-Unis en font autant ? Chaque puissance investit dans ses médias. Mais les informations qu’ils diffusent sur l’Afrique doivent être scrutées de près », a déclaré le colonel Camara.
Selon lui, même une parfaite maîtrise des médias nationaux ne saurait suffire si la presse étrangère continue à « faire du n’importe quoi », sapant ainsi les efforts internes de régulation et de professionnalisation du secteur.
Vers un observatoire africain de la liberté de la presse ?
Toumany Camara ne s’est pas arrêté là. Il a également remis en cause les classements mondiaux sur la liberté de la presse, notamment ceux établis par Reporters sans frontières (RSF), estimant qu’ils ne reflètent pas les réalités du terrain.
« L’Afrique est un continent souverain. Nous devons, comme la Guinée et les autres pays africains, mettre en place notre propre observatoire de la liberté de la presse. C’est décevant que ce soit une ONG, financée par des bailleurs de fonds, qui juge de l’état de nos médias », a-t-il martelé.
Il a dénoncé ce qu’il considère comme une forme de subjectivité, voire de manipulation, dans ces évaluations. À l’en croire, les résultats produits par ces organismes dépendraient souvent de « l’humeur du correspondant » dans le pays concerné.
Ces propos, tenus devant un parterre de professionnels des médias, d’experts en communication et de représentants institutionnels, résonnent comme un appel à la souveraineté informationnelle de l’Afrique. Ils ouvrent aussi le débat sur la nécessité pour les pays africains de renforcer leur autonomie en matière de production, de régulation et de diffusion de l’information.
Le forum sur l’avenir de la presse en Guinée, qui se poursuit jusqu’au mercredi 21 mai, vise à dégager des pistes pour une presse responsable, libre mais consciente des enjeux sécuritaires et géopolitiques.
Barry 3 pour miroirguinee.com