Conakry, le 03 juin 2025 — La tension est vive au sein de l’ONG Maison Guinéenne de l’Entrepreneur (MGE), dont les locaux sont fermés depuis le 28 avril 2025 sur décision d’huissier. Au cœur du conflit : un bras de fer entre les employés, la direction actuelle, et certains membres de la famille de feu Kerfalla Camara, ancien directeur exécutif de l’organisation.
Selon le témoignage d’une employée recueilli sous anonymat, la fermeture du siège de l’ONG a été exécutée par l’huissier Mohamed Chérif Camara, suite à une décision contestée de changement de direction. « À l’époque, ils sont venus avec les gendarmes, ils ont eu accès au bureau en nous brutalisant. Depuis le 28 avril, nous n’avons plus accès aux locaux », confie-t-elle.
Le contentieux tourne autour de la désignation d’un nouveau directeur exécutif. Le 03 juin 2024, une réunion du Conseil d’administration (CA), censée confirmer Monsieur M’Fanly Camara à son poste, a dévié de son objectif. « Sur cinq membres du CA, seuls quatre étaient présents. Le vice-président a convoqué oralement les membres, ce qui est contraire aux statuts. Une fois réunis, l’ordre du jour a été modifié sans consensus, et deux membres ont imposé un processus de recrutement contre l’avis des autres », explique-t-elle.
Cette manœuvre aurait conduit à l’installation contestée de Monsieur Étienne Tolno à la tête de l’ONG, provoquant le blocage d’un montant estimé à plus de 200 millions de francs guinéens à la banque Vista Gui. Ces fonds, virés par les partenaires dans le cadre d’un contrat de préfinancement, devaient couvrir les salaires, primes et frais de fonctionnement de janvier à mars 2025. « Nous sommes des techniciens, ce sont nos efforts qui font vivre l’organisation. Aujourd’hui, nous sommes des pères et mères de famille sans revenus », déplore-t-elle.
Les plaignants dénoncent aussi une tentative de légitimation par la famille de feu Kerfalla Camara, qui se réclame héritière de l’ONG. Pourtant, selon les documents statutaires et l’agrément obtenu en 2006, l’ONG est de statut national, régie par la loi L/013. « En cas de dissolution, les biens doivent revenir à l’État guinéen, pas à une famille. L’ONG n’est pas un bien privé, c’est un outil de développement national », insiste la même employée.
Par ailleurs, un procès-verbal présenté devant la justice, attribuant la décision de nomination du nouveau directeur à l’ensemble du CA, serait selon les employés un document falsifié, signé seulement par deux membres. « Le CA a été utilisé comme couverture pour faire passer des décisions familiales. Ce n’est pas légal. »
Des procédures judiciaires sont en cours. Après une première audience favorable aux employés, la Cour d’appel aurait brusquement mis fin aux débats, validant l’installation de Monsieur Étienne Tolno. « Nous ne sommes pas contre une personne, mais contre la manière dont les choses ont été faites », souligne-t-elle.
Les employés appellent aujourd’hui à une intervention de la justice pour la réouverture des locaux, la libération des fonds bloqués et le respect des textes fondateurs de la MGE. « Nous ne voulons que la justice. Rien d’autre. »
Barry 3, pour Miroirguinee.com