Bamako, le 7 juin 2025 –
Le camp militaire de Boulkessi, l’un des bastions stratégiques de l’armée malienne dans la région de Mopti, a été entièrement abandonné par les forces armées maliennes dans la journée du vendredi 6 juin, au terme d’une série d’attaques jihadistes particulièrement violentes. Ce retrait, confirmé par des sources militaires et des responsables locaux, met en lumière l’extrême vulnérabilité des positions maliennes dans le centre du pays, théâtre d’une intensification alarmante des violences ces dernières semaines.
Selon un élu local joint par l’Agence France-Presse (AFP), les derniers soldats encore présents sur le site ont quitté les lieux après l’assaut meurtrier perpétré dans la nuit du jeudi 5 juin. Plusieurs militaires auraient perdu la vie au cours de cette offensive, bien que le bilan précis reste à établir. Quelques jours auparavant, le dimanche 1er juin, une première attaque avait déjà causé la mort d’au moins 30 soldats maliens, selon des sources sécuritaires et locales. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a revendiqué cette opération.
Le retrait de Boulkessi, situé à proximité immédiate de la frontière burkinabè, intervient dans un climat régional de plus en plus instable. Autrefois zone relativement pacifiée, cette portion du centre malien est aujourd’hui l’un des épicentres de la crise sécuritaire qui secoue le pays depuis plus d’une décennie. Pour de nombreux analystes, l’abandon de ce camp représente un revers militaire de taille, mais aussi un symbole fort de la fragilité de l’appareil sécuritaire malien.
Le camp de Boulkessi n’en est pas à sa première attaque. En septembre 2019, il avait déjà été le théâtre d’un assaut jihadiste qui avait coûté la vie à des dizaines de soldats maliens. Cet épisode tragique avait suscité une vive émotion au sein de l’opinion publique et révélé les failles structurelles des dispositifs de défense dans cette zone stratégique.
Ce nouveau retrait s’ajoute à une série de déconvenues pour les forces armées nationales, confrontées à une menace terroriste de plus en plus audacieuse et bien organisée. Il intervient également dans un contexte où le soutien logistique et aérien étranger, notamment celui de la force Barkhane et de la MINUSMA, s’est considérablement réduit, accentuant l’isolement des troupes maliennes.
Alors que les autorités de transition s’efforcent de rassurer la population et de maintenir le moral des troupes, ce départ de Boulkessi interroge sur la capacité de l’État à contrôler l’intégralité de son territoire et à enrayer la progression des groupes armés dans le centre et le nord du pays.
Barry Mamadou Lamarana III
Journaliste – Miroirguinee.com