Conakry, le 13 juin 2025 – Alors que le Moyen-Orient replonge dans la tourmente après les frappes israéliennes du 13 juin contre plusieurs sites nucléaires iraniens, la réaction des capitales africaines ne s’est pas fait attendre. De Pretoria à Alger, en passant par Tunis et Niamey, plusieurs pays du continent ont exprimé leur solidarité, implicite ou explicite, envers la République islamique d’Iran, dessinant ainsi une nouvelle cartographie diplomatique.
L’Afrique du Sud dénonce une violation du droit international
Premier pays africain à prendre la parole, l’Afrique du Sud a fustigé dans un communiqué officiel une « violation grave de la souveraineté iranienne » par Israël, appelant à une désescalade immédiate et au respect du droit international. Le ministère sud-africain des Affaires étrangères a exhorté les parties à un retour à la table des négociations sous l’égide de l’ONU, tout en condamnant ce qu’il qualifie d’« actions unilatérales dangereuses ».
L’Algérie, fer de lance du soutien africain à l’Iran
Plus virulente, l’Algérie a adopté un ton sans ambiguïté. Le gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune a condamné « avec la plus grande fermeté » les frappes israéliennes, estimant qu’elles constituent « une provocation inacceptable et un mépris total des règles internationales ». Dans le prolongement d’une politique extérieure traditionnellement critique des ingérences occidentales, Alger réaffirme ainsi son alignement idéologique sur les axes anti-hégémoniques.
Tunisie : condamnation diplomatique et mobilisation populaire
Tunis a suivi, qualifiant les frappes de « violation flagrante » des principes de la Charte des Nations unies. Le gouvernement tunisien a plaidé pour une intervention urgente du Conseil de sécurité. Dans la rue, la solidarité s’est aussi exprimée : plusieurs associations ont organisé l’envoi d’un convoi humanitaire vers Gaza, exprimant un soutien populaire appuyé aux peuples victimes du conflit.
Niger, Mali, Mauritanie : les signaux d’un rapprochement stratégique
Dans les pays du Sahel, le soutien prend une forme plus discrète mais significative. Le Niger, engagé depuis avril 2025 dans un partenariat économique et sécuritaire avec l’Iran, n’a pas publié de communiqué officiel, mais ses accords bilatéraux parlent d’eux-mêmes. Le Mali, quant à lui, reste silencieux publiquement, mais ses récentes décisions géopolitiques – dont le retrait de la Francophonie et ses liens croissants avec Téhéran – laissent présager une posture alignée.
La Mauritanie, qui avait rompu ses relations avec l’Iran en 2016, les a rétablies en 2023, marquant un revirement diplomatique notable. Elle observe néanmoins une prudente neutralité depuis l’escalade du conflit.
Une redéfinition des alliances sur fond de crise mondiale
Ce soutien africain à l’Iran s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu où les États du continent semblent réaffirmer leur souveraineté diplomatique. Dans un climat de guerre latente et de menace nucléaire, les conséquences économiques ne se sont pas fait attendre : les prix du pétrole se sont envolés, mettant à mal les économies importatrices, tandis que les marchés financiers, notamment en Afrique du Sud, accusent le coup.
À l’échelle internationale, le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) a condamné à son tour les frappes israéliennes, réclamant un cessez-le-feu immédiat. Dans ce contexte d’instabilité régionale, l’Afrique se démarque par une prise de position de plus en plus affirmée, entre revendication d’indépendance stratégique et choix diplomatiques assumés.
Barry 3, pour Miroirginee.com