Conakry, 21 juin 2025 – La stupeur règne au sein de l’opinion publique guinéenne ce samedi matin, après l’annonce de l’enlèvement de Maître Mohamed Traoré, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée et figure emblématique de la défense des droits et libertés dans le pays.
Selon des témoins, l’avocat a été enlevé à l’aube à son domicile situé à Sonfonia, dans la commune de Ratoma, par des hommes en uniforme. Aucune information officielle n’a pour l’instant été communiquée sur les raisons de cette interpellation ni sur le lieu où il aurait été conduit. Ce rapt intervient alors que Me Traoré venait à peine de rentrer de la Mecque, où il a accompli son pèlerinage.
Connu pour sa rigueur intellectuelle, son intégrité morale et son engagement constant pour l’État de droit, Me Mohamed Traoré n’a cessé de dénoncer avec fermeté les dérives autoritaires du régime actuel. Il a notamment pris position contre les violations des droits humains, les détentions arbitraires, les disparitions forcées, les entraves à la liberté de la presse et l’assassinat impuni de jeunes manifestants.
Sa démission retentissante du Conseil national de la transition (CNT), par souci d’éthique, avait été saluée par plusieurs voix de la société civile comme un acte de courage et de cohérence. Il avait, en renonçant à des privilèges matériels notables, choisi de rester fidèle à sa conscience.
Mais c’est son dernier écrit, dans lequel il critiquait avec vigueur l’organisation annoncée d’une élection qualifiée de « mascarade électorale » — orchestrée selon lui pour légitimer la prolongation au pouvoir du chef de la junte — qui pourrait être à l’origine de cet acte d’intimidation. Dans ce texte, Me Traoré dénonçait la mainmise du ministère de l’Administration du territoire et de ses préfets militaires sur le processus électoral, qu’il jugeait biaisé dès le départ.
Un climat de peur et d’indignation
Ce nouvel enlèvement survient dans un contexte politique tendu où les voix critiques sont de plus en plus muselées. Les arrestations arbitraires, les intimidations, et les disparitions forcées se multiplient dans une atmosphère de répression croissante.
L’opinion publique, elle, commence à s’interroger : jusqu’à quand le peuple de Guinée restera-t-il silencieux face à l’érosion progressive des libertés fondamentales ?
La disparition forcée de Me Traoré, si elle n’est pas immédiatement clarifiée par les autorités, risque d’élargir le fossé entre les citoyens et un pouvoir de plus en plus perçu comme répressif et autoritaire.
Miroir Guinée