Lors de la cérémonie de clôture de la Semaine Nationale de la Recherche et de l’Innovation (SENARI) couplée au centenaire de l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée (IRBAG)-Pastoria, le Professeur Mohamed Sahar Traoré, directeur général de l’institut, a retracé avec émotion un siècle de contributions scientifiques majeures. Appelant à la préservation et à la relance de cette institution emblématique, il a exhorté les autorités et les générations futures à s’engager pour que l’IRBAG continue de rayonner comme fleuron de la recherche en Guinée et au-delà.
Miroirguinee.com vous propose le discours intégral du professeur Mohamed Sahar Traoré , directeur général de l’institut de recherche en biologie appliquée de Guinée (IRBAG ) Pastoria ci-dessous :
Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement
Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche Scientifique et de Excellence l’Innovation
Mesdames et Messieurs les Ministres Membres du Gouvernement
Mesdames et Messieurs les Ministres
Monsieur le Gouverneur de la Région administrative de Kindia
Monsieur le Préfet de Kindia
Monsieur le Maire
Mesdames et Messieurs les Recteurs et Directeurs d’Institutions
Mesdames et Messieurs les hauts cadres de l’Administration
Mesdames et Messieurs en vos titres grades tout protocole observé
Mesdames et Messieurs
Au nom des travailleurs de l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée, je voudrais vous souhaiter la bienvenue dans notre Institution.
Il me plait et qu’il vous plaise de rendre hommage à l’entame de mes propos à la population de Kindia particulierement à celles de KKoliady et Koba Daguiya jadis c’était le nom de cette localité devenue Koba Pastoria suite à l’installation de l’institut Pasteur ici.
En revisitant le passé de cette institution au fil des ans de l’institut Pasteur à l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée (IRBAG) on note que le chemin est jalonné d’évènements remarquables ayant contribué au développement de la Science.
En effet le 20 novembre 1922 suite à une convention entre le Gouvernement Général de l’Afrique Occidentale Française (AOF) et l’Institut Pasteur de Paris fut créé un laboratoire de recherches biologiques renfermant un centre d’élevage de singes anthropoïdes. La pose de la première pierre de ce laboratoire eut lieu le 6 septembre 1923 et l’inauguration le 10 juillet 1924.
Le Centre deviendra plus tard institut pasteur de Kindia puis successivement Institut de Recherche de Biologie Appliquée de Guinée, institut de Recheche en Biologie Appliquée Néné Kaly Condéto ensuite de nouveau Institut pasteur de Kindia jusqu’en 2016 pour reprendre le nom Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée IRBAG.
On note que les vicissitudes de l’histoire ont fait que cette institution a changé de nom à plusieurs reprises mais l’histoire retiendra à jamais et pour toujours le nom Pastoria.
Pastoria est une appellation en sousous à l’instar de Sendervalia, de Kindia, de Foulaya. Au-delà de ces similitudes, Pastoria symbolise une particularité, celle du lien historique entre la communauté et l’institution.
Ainsi le 100e anniversaire de la fondation de l’IRBAG-PASTORIA sous l’impulsion du Pr Albert Calmette alors directeur de l’institut Pasteur de Lille constitue le moment opportun pour mettre en lumière la contribution de cet institut de recherche au développement de la science en Guinée et dans le monde.
Bien des travaux de recherche ayant permis des avancées historiques dans le domaine biomédical et dans la lutte contre les maladies ont été menés dans cette institution. Pour mémoire, c’est à l’institut Pasteur de Kindia sous l’égide de Calmette que fut démontrée à l’échelle animal l’efficacité du BCG ! Rose, une femelle chimpanzée, est en effet le premier être vivant à ne pas être touché par la tuberculose grâce à une vaccination au BCG. D’autres travaux portant sur la rage, la poliomyélite, les maladies hémorragiques virales, les maladies tropicales négligées ont jalonné l’évolution de Pastoria.
L’histoire de ce centre de recherche est intimement liée à celle de la République de Guinée traduisant parfois l’appartenance de la Guinée à divers courants. Elle débute à la période coloniale où la Guinée de par la richesse de sa faune est identifiée comme un site idéal de l’expérimentation animale ; elle se poursuivit après le départ des chercheurs Français (les pasteuriens) en 1965 avec des équipes guinéennes appuyées à partir de 1972 par des chercheurs soviétiques. En 1990, l’effondrement de l’URSS ouvre pour Pastoria une nouvelle ère qui expose le centre à des difficultés de financement de la recherche.
Toute fois des équipes guinéennes ont pris le relais, affirmant ainsi l’autonomie de l’institution et son enracinement dans la recherche nationale. Malgré les périodes de crise économique et politique, l’institut a su faire preuve de résilience, en poursuivant ses travaux dans des domaines essentiels.
On peut citer entre autres quelques réalisations notables dont :
· La recherche herpétologique ayant permis de collecter les espèces de serpents venimeux de la Guinée et la gestion des envenimations par les morsures de serpents, étant l’unique point de traitement du pays ;
· La production des venins de serpents qui a constitué pendant longtemps une source de revenue de l’institution ;
· La production de l’essentiel des vaccins ayant servi à l’éradication de la redoutable variole en Afrique et dans le Monde ;
· La production et la livraison des millions de doses de vaccins pour l’Afrique pour la lutte contre la Pasteurellose, la Péripneumonie bovine, le Charbon Bactéridien, le Charbon symptomatique, le Choléra aviaire, etc…
· La découverte des 4 virus qui portent les noms de localités jusque-là inconnues par le monde scientifique qui sont virus Fomédé, virus Kindia, virus Kolenté et virus Forécariah
· La mise au point du vaccin contre Ebola par le laboratoire Guinéo-Russe de l’Institut.
Aujourd’hui, à l’aube du deuxième siècle de l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée-Pastoria,
je tiens à souligner une évidence, personne d’entre nous ici présent n’aura l’occasion de vivre deux centenaires mais nous pouvons être présents au second centenaire par nos œuvres. Cependant On peut présager aisément que si l’on ne redresse pas la trajectoire de chute de ce chef-d’œuvre historique, l’histoire ne se répètera pas et il n’y aura pas de second centenaire hélas.
C’est pourquoi je saisis l’occasion de la dynamique de la refondation entreprise par les autorités du pays pour solliciter humblement la concrétisation de la relance de Pastoria fleuron de la recherche scientifique d’antan en Guinée.
Cette relance doit prévoir entre autres la création d’un environnement de recherche et d’innovation composé de laboratoires de recherche de pointe destinés à la recherche et à l’expertise, d’une biobanque, de centre d’accueil pour chercheurs, d’un musée, d’une bibliothèque numérique, d’un laboratoire de production des venins et d’un centre de traitement des envenimations et de recherche clinique.
Mesdames et Messieurs, Institut Pasteur de Kindia, Institut de Recherche en Biologie Appliquée, Pastoria
plus qu’un nom et au-delà d’une appartenance à travers cette célébration nous avons voulu révélé, informé, et lire l’histoire :
· l’histoire de Rose, ce Chimpanzé capturé à Mamou à l’origine du BCG ;
· de Tarzan ce Chimpanzé qui a été le seul à se reproduire ici en captivité ;
· de Sény Camara et de Louis Manet qui sont partis pour des voyages sans retour en accompagnant des convois de singes et chimpanzés pour la France ;
· De Momo Lapin ce célèbre travailleur de l’animalerie de l’institut ;
· De Naby Serpent grand spécialiste de la capture des serpents ayant capturé pour la première fois un Mamba noir qui est le serpent le plus venimeux au monde et ayant perdu un de ses doigts par suite de morsure de serpent ;
· des Lions offerts par les chasseurs de Faranah à l’Institut et qui offrira à son tour un Lion au Roi du Maroc ;
· De cette panthère qui appartenait à Hadja André Toure Première Dame d’alors gardée à pastoria ;
· Nous avons voulu célébrer cette plate-forme historique sur la recherche simiennes à pastoria dans les années 1920 et 1930 avec comme acteurs (Voronof Chercheur Franco-Russe), Yerkes et Nessen (Chercheurs Americains) et Ivanov( Chercheur Russe).
Je vous invite à visiter encore les expositions relatives à ces histoires.
J’avais décidé de dépassionner mon discours mais l’histoire de Pastoria m’a passionné.
Je sors de cette passion pour saisir ce moment solennel pour exprimer mon profond sentiment de gratitude envers les collaborateurs, les chercheurs, les organisateurs et les partenaires ayant contribué à donner à cet évènement un éclat particulier. J’exprime également ma gratitude aux autorités de Kindia, aux autorités de tutelle, au Gouvernement ainsi qu’au président de la République son excellence le Général d’Armée Mamadi Doumbouya pour leur accompagnement et leur engagement pour le rayonnement de la recherche scientifique en Guinée.
Je rends un hommage appuyé aux anciens travailleurs et Directeurs de l’Institut dont certains sont présents dans cette salle.
La Guinée notre beau pays est extraordinaire d’ailleurs dans un passé récent nos artistes musiciens nous ont appris que c’est un paradis.
En réalité c’est un paradis biologique car à elle seule représente la symbiose du biotope Africain.
Que cette célébration inspire les générations futures de chercheurs à poursuivre cette noble mission.