La drépanocytose t’a arraché à nous, cher frère Abdoul Baldé, mais elle ne pourra jamais effacer l’empreinte indélébile que tu as laissée dans nos cœurs et dans le monde de la culture. Ton talent, ton engagement et ton ambition resteront gravés à jamais dans nos mémoires. Écrivain, comédien, conteur et formateur, tu étais un artiste accompli, profondément enraciné dans la culture foutanienne que tu portais avec une fierté et un respect dignes d’un véritable héritier des valeurs de nos aînés.
Quand mon grand frère, Le Guide, directeur du centre culturel Ka Werdhé, m’a annoncé ton décès cette nuit-là, je n’ai d’abord pas voulu y croire. Ce n’est qu’en voyant ton image défiler sur internet que la réalité m’a frappé. J’ai eu l’impression que le monde s’écroulait autour de moi tant tout s’est passé si vite.
Tu étais un jeune frère respectueux, doté d’un calme olympien, sauf lorsque tu montais sur scène. En tant qu’artiste, on ressentait la profondeur de ton talent et la finesse de ta pensée artistique. Depuis cette tragique nouvelle, ton poème La Mort, déclamé sous une flûte pastorale magistralement jouée lors du Master du flûtiste Mamadou Saïdou Sow (Dalaba) pendant la dernière édition du FAR 2024, me revient sans cesse en mémoire.
Ce texte inspirant, accompagné de ta voix, résonne encore en moi, cher Abdoul Baldé, alias FoutaMan.Partout où tu passais — que ce soit à Labé, Conakry ou lors de festivals ailleurs — tu illuminais les scènes, laissant une impression durable sur ceux qui te découvraient. Ton ardeur au travail et ton amour pour la culture faisaient de toi une référence, non seulement pour tes pairs mais aussi pour la jeunesse de Labé. Il y a à peine dix jours, à mon retour du Mali, j’ai eu la joie de participer à l’une des activités que tu avais initiées avec ton équipe.
Ce moment, comme tant d’autres, témoignait encore de ton dévouement et de ta vision d’entrepreneur culturel.Tu n’étais pas qu’un collègue, mais aussi un ami proche, un frère. Combien de fois, lors de tes passages à Conakry, es-tu venu partager un thé avec moi à la maison, consolidant ainsi une amitié déjà forte ? Grâce à Moussa Français, un ami commun, j’ai pu te connaître et t’apprécier, bien avant de découvrir toute l’étendue de ton talent.Au centre culturel Ka Werdhé de Labé, tu as marqué les esprits à plusieurs reprises par ton énergie et ton savoir-faire. Non seulement tu participais aux activités, mais tu contribuais activement à la formation des plus jeunes, transmettant avec passion les techniques d’expression artistique, de conte et de théâtre. C’est d’ailleurs ton excellence dans l’art du conte qui nous a inspirés à créer un espace Doyen Amadou Sow dédié au conte Ka Werdhé.
Tu as également brillé lors des deux dernières éditions du Festival des Arts et du Rire de Labé (FAR), où ton talent a été salué par des personnalités telles que l’Honorable Professeur, président de la Commission Santé, Éducation, Affaires Sociales et Culturelles du CNT, et l’Honorable Maître Traoré. Ces moments restent inoubliables pour tous ceux qui y ont assisté.
Aujourd’hui, le monde de la culture, de l’entrepreneuriat, et la jeunesse de Labé sont plongés dans une tristesse profonde. Ta disparition prématurée nous dépasse tous. Tu étais un modèle de courage, d’ambition et de persévérance, des qualités qui résument parfaitement la personne que tu étais.Que le Tout-Puissant, Allah, t’accorde le paradis éternel, et qu’Il nous gratifie d’une jeunesse aussi courageuse, travailleuse et inspirante que toi. Va en paix, cher frère. Ton héritage continuera de vivre à travers les cœurs que tu as touchés et les esprits que tu as inspirés.Repose en paix, Abdoul Baldé.
Honorable Mamadou Thug conseiller au CNT