Le journalisme repose sur une quête constante de vérité, d’objectivité et d’éthique. Pourtant, une récente déclaration d’un journaliste guinéen, affirmant en plein plateau télévisé avoir payé une source pour obtenir une information, suscite une vive polémique au sein de la corporation.
« J’ai dû payer pour obtenir cette information », a lancé le reporter, sans détour, au cours d’un débat sur une chaîne privée. Cette confession, bien qu’honnête, a surpris de nombreux confrères et spécialistes des médias, relançant le débat sur les pratiques professionnelles et les limites de la recherche d’information.
Une pratique risquée et controversée
Dans les écoles de journalisme et les rédactions, le paiement pour une information est largement déconseillé, car il remet en cause l’authenticité du témoignage. Une source rémunérée pourrait être tentée de modifier ou inventer des faits, dans le but d’attirer l’attention ou de satisfaire les attentes de son « client ».
Pour Me Aissatou Baldé, experte en déontologie des médias : « En journalisme, la vérité ne s’achète pas. Lorsqu’un journaliste paie pour obtenir un contenu, il doit clairement se demander si ce qu’il a reçu est une information ou une transaction. »
Entre pression du terrain et impératifs éditoriaux
Néanmoins, certains professionnels tempèrent cette position. Dans des contextes sensibles — zones de guerre, accès à des milieux fermés, corruption systémique — des frais peuvent parfois être engagés pour faciliter le travail de terrain. « Mais cela reste des cas extrêmes et très encadrés », insiste Alpha Diallo, ancien grand reporter.
Le journaliste concerné a, pour sa part, défendu son acte comme une nécessité dans un contexte où les sources étaient réticentes à parler. Une justification que beaucoup jugent insuffisante.
Réaffirmer les principes
Cet épisode met en lumière l’urgence de renforcer la formation éthique des journalistes, mais aussi de promouvoir des conditions de travail décentes. Car dans un environnement où l’accès à l’information devient de plus en plus difficile, certains peuvent être tentés de franchir des lignes rouges.
Plus que jamais, il est donc nécessaire de rappeler que le journalisme doit rester indépendant, crédible et responsable. Et cela passe aussi par le respect strict des principes déontologiques, même face aux contraintes du terrain.
«Ce n’est pas le paiement en soi qui est condamnable, mais son usage sans discernement ni cadre éthique » — Prof. Michel Leroy, Université Paris 2 Panthéon-Assas
Barry 3 pour miroirguinee.com