Conakry, 21 juin 2025 — Le Barreau de Guinée est sous le choc. Dans un communiqué officiel publié ce samedi, l’Ordre des avocats condamne vigoureusement l’enlèvement violent de Maître Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier, survenu dans la nuit du 20 au 21 juin 2025 à son domicile de Sonfonia, à Conakry.
Selon les faits relatés par le Barreau, l’avocat a été enlevé aux alentours de 2 heures du matin par un groupe d’au moins sept individus armés, cagoulés et lourdement équipés. Les assaillants auraient escaladé le mur d’enceinte, agressé physiquement l’une des filles de Me Traoré, avant de s’en prendre à ce dernier. Ils l’ont violemment giflé, injurié et embarqué de force à bord d’un véhicule de type Toyota V8.
De retour récemment d’un pèlerinage à la Mecque, Maître Traoré a été soumis à des actes de torture d’une rare cruauté : flagellé à plusieurs reprises (jusqu’à 500 coups ordonnés selon le communiqué), asphyxié, roué de coups, menacé de mort et insulté avec des propos à caractère communautariste.
Ses ravisseurs lui auraient explicitement reproché sa démission du Conseil National de la Transition (CNT) et ses prises de position publiques. Un témoin aurait aperçu un agresseur vêtu d’un pantalon ressemblant à celui de la gendarmerie nationale. Me Traoré a finalement été retrouvé inconscient dans une cour à Bangouyah, dans la préfecture de Coyah, avant d’être transporté en urgence vers un lieu sécurisé pour y recevoir des soins médicaux.
Face à cette attaque, le Barreau de Guinée parle d’ »enlèvement », « torture », « violences volontaires aggravées », « séquestration », et « atteintes manifestes à la dignité humaine ». L’organisation dénonce une atteinte grave à l’indépendance de la profession d’avocat et à l’État de droit en Guinée.
« Les circonstances de cette opération, notamment la présence d’individus en tenue, l’usage de moyens sophistiqués, et la nature ciblée des menaces, excluent toute hypothèse de banditisme ordinaire », affirme le communiqué, laissant entendre qu’il pourrait s’agir d’une opération planifiée avec la complicité de certains éléments étatiques.
Le Barreau exige que « toute la lumière soit faite sans délai » sur les commanditaires, les exécutants et les complices de cette agression. Il demande également des poursuites judiciaires indépendantes et impartiales.
Enfin, une Assemblée Générale Extraordinaire du Barreau est annoncée dans les prochains jours pour décider des actions à mener face à cet acte qu’il qualifie d’ »ignoble et intolérable ».
Le Barreau de Guinée rappelle que l’avocat est un acteur essentiel de la justice et qu’une atteinte à son intégrité est une menace directe pour les droits des citoyens. Il appelle à la solidarité de l’opinion nationale et de l’ensemble des organisations internationales du monde judiciaire.
Miroir Guinée