Conakry, 21 avril 2025 – Face à l’insalubrité grandissante qui menace la qualité de vie dans la commune de Matoto, les autorités locales ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Après les premières pluies du week-end, qui ont transformé les caniveaux en torrents de déchets, la mairie a annoncé une série de mesures fortes pour redonner un visage propre à l’une des plus grandes communes de Conakry.
Une campagne porte-à-porte pour sensibiliser et responsabiliser
Sous l’impulsion de Moussa Diallo, président de la délégation spéciale, la commune a lancé une vaste campagne de sensibilisation porte-à-porte sur les axes les plus touchés. En partenariat avec des PME locales, des poubelles sont distribuées gratuitement aux ménages, accompagnées d’une incitation forte à l’abonnement pour la collecte des ordures – désormais obligatoire.
« Avec les PME partenaires, nous distribuons gratuitement des poubelles aux ménages et incitons fortement à l’abonnement, désormais obligatoire pour tous », a déclaré Moussa Diallo. Cette stratégie allie pédagogie et fermeté, après une première phase de sensibilisation jugée peu concluante.
Des sanctions désormais en vigueur
« Maintenant, nous passons à la sanction. Il faut que chacun prenne ses responsabilités », tranche Moussa Diallo, déterminé à en finir avec les comportements inciviques. L’une des pratiques les plus dénoncées : les dépôts sauvages dans les caniveaux, souvent opérés de nuit.
« Certains attendent deux heures du matin pour déverser des ordures ou même connecter leurs toilettes aux caniveaux. C’est inacceptable ! », s’indigne le maire, qui affirme patrouiller lui-même à des heures tardives pour surprendre les contrevenants.
Des comités de veille contre les pollueurs nocturnes
Pour lutter contre ces infractions, des comités de veille citoyenne ont été installés dans plusieurs quartiers. Leur mission : surveiller les zones sensibles, identifier les pollueurs et protéger les infrastructures d’évacuation, cruciales à l’approche de la saison des pluies.
Moussa Diallo rappelle l’évidence : « On n’a pas besoin de dire à un chef de famille de garder sa concession propre. » Pour lui, la salubrité doit être un réflexe citoyen, au-delà des textes de loi.
Suppression progressive des PAV : un changement stratégique
Parmi les mesures phares annoncées, figure la suppression progressive des PAV (Points d’Appui Volontaire), ces bacs installés le long de l’autoroute pour les déchets de passage. Détournés de leur usage initial, ils sont devenus de véritables dépotoirs à ciel ouvert.
« Les citoyens y déposent désormais des ordures ménagères, et lorsqu’elles sont pleines, ils entassent les déchets au sol », déplore le président de la délégation spéciale. Une situation qui contribue à la dégradation de l’image de Conakry et à l’aggravation des risques sanitaires.
Matoto en modèle de gestion urbaine ?
Résolue à assainir l’espace public, la mairie de Matoto veut désormais incarner un modèle de gestion des déchets à Conakry. Mais cette ambition dépendra de l’implication de la population, appelée à changer ses habitudes.
« Je suis prêt à jouer les shérifs s’il le faut », conclut Moussa Diallo, qui ne cache pas sa détermination à faire de Matoto une commune propre et vivable.
Miroir Guinée