Conakry, 5 juillet 2025 – Les propos tenus par le ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, au sujet de l’agression de Me Mohamed Traoré, continuent de susciter des réactions. Interrogé par le média Kumpital sur les circonstances de l’enlèvement et de l’agression de l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, le ministre a exclu tout lien entre cet acte violent et la profession de la victime.
« Il est aussi un homme politique. Il a siégé au CNT, même s’il en a démissionné. C’est aussi un activiste. Donc, ce n’est pas à cause de son métier qu’il a été ciblé », a déclaré Ousmane Gaoual Diallo.
Ces propos ont rapidement fait réagir l’avocat, actuellement en convalescence après l’agression. Depuis son lit d’hôpital, Me Mohamed Traoré a tenu à apporter un démenti catégorique à l’analyse du ministre. Dans une déclaration publique, il a rappelé qu’il n’a jamais exercé de fonction politique, malgré son passage au Conseil national de la transition (CNT), où il siégeait en tant que représentant de la société civile.
« Vous devez revoir votre définition de l’homme politique. Le fait d’avoir appartenu au CNT ou de me prononcer sur des questions politiques ne fait pas de moi un homme politique. Et d’ailleurs, je me suis toujours exprimé sous l’angle du droit », a précisé Me Traoré.
Il rappelle également qu’il a été l’avocat d’Ousmane Gaoual Diallo par le passé, à une époque où ce dernier faisait face à des ennuis judiciaires. Il évoque des entretiens tenus entre eux entre 2020 et 2021, au cours desquels le ministre, alors dans l’opposition, le considérait comme l’une des « bonnes consciences de la République » et l’encourageait à s’exprimer publiquement contre l’injustice.
Selon Me Traoré, ce sont précisément ses prises de position juridiques et citoyennes sur des sujets touchant à l’État de droit et à la gouvernance qui ont motivé cette agression. Il affirme en payer aujourd’hui le prix dans sa chair.
Cette affaire relance le débat sur la sécurité des figures publiques engagées dans les débats citoyens et met en lumière les tensions persistantes autour de la liberté d’expression en Guinée. Pour l’heure, aucune information officielle n’a été communiquée sur l’ouverture d’une enquête judiciaire concernant cette agression.
Miroir Guinée