NIAMEY – Nouvelle ère linguistique au Niger. Dans un contexte de rupture avec les institutions occidentales, les autorités de transition ont entériné un changement historique : le français, longtemps langue officielle du pays, est désormais relégué au rang de langue de travail, au même titre que l’anglais.
La décision figure dans la Charte de la refondation, promulguée le 26 mars 2025 par le général Abdourahamane Tiani, chef de l’État. Ce texte, qui fait désormais office de Constitution, redéfinit les fondements politiques, institutionnels et culturels du Niger.
L’article 12 est explicite : « Les langues de travail sont le français et l’anglais. » Le haoussa, langue la plus parlée du pays, devient officiellement langue nationale. Une première dans l’histoire moderne du Niger, où le français occupait jusque-là une place centrale dans l’administration, l’éducation et la justice.
Par ailleurs, neuf autres langues sont reconnues comme « langues parlées du Niger ». Il s’agit notamment du zarma-songhay, du fulfuldé (peul), du kanouri, du gourmantché et de l’arabe, selon l’Agence France-Presse qui cite la Charte.
Cette réforme s’inscrit dans une volonté affirmée de souveraineté linguistique et culturelle, amorcée depuis la suspension de la coopération avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Le régime militaire souhaite ainsi promouvoir les langues locales, mieux ancrées dans le quotidien des Nigériens.
Si cette décision suscite une vague de fierté chez certains, elle soulève également des défis d’envergure, notamment dans la mise en œuvre d’un système éducatif et administratif multilingue. L’avenir dira si cette refondation linguistique marquera un véritable tournant ou un simple symbole dans le processus de transformation du Niger.
Miroir Guinée