Kigali, 20 juin 2025 – L’opposante rwandaise Victoire Ingabire a été arrêtée ce vendredi à Kigali, à l’issue de sa comparution dans une affaire impliquant neuf personnes poursuivies pour la diffusion d’un ouvrage serbe jugé subversif par les autorités. Le livre en question, intitulé « Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes », est un manuel écrit par un activiste serbe qui décrit des stratégies non violentes de lutte contre les régimes autoritaires.
Le Bureau d’enquête rwandais (RIB) a annoncé l’arrestation de Mme Ingabire dans un communiqué, l’accusant d’« association de malfaiteurs » et « d’incitation publique à s’opposer au gouvernement ». Des charges que l’opposante de 56 ans rejette catégoriquement.
Présidente du parti Développement et liberté pour tous, une formation politique non reconnue officiellement par les autorités rwandaises, Victoire Ingabire est l’une des voix critiques les plus connues du régime du président Paul Kagame. Elle avait déjà été emprisonnée entre 2010 et 2018 pour des accusations similaires, avant d’être libérée par grâce présidentielle.
Son arrestation intervient dans un climat politique tendu, alors que Kigali est régulièrement accusé de museler l’opposition et de restreindre les libertés fondamentales. Les critiques envers Paul Kagame, au pouvoir depuis plus de trois décennies, se font de plus en plus rares dans un pays où toute contestation est sévèrement réprimée.
En toile de fond, cette affaire intervient également alors que le Rwanda est pointé du doigt sur la scène régionale pour son soutien présumé aux rebelles du M23, actifs dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Des accusations que le gouvernement rwandais continue de nier.
L’arrestation de Victoire Ingabire suscite déjà de vives réactions au sein des milieux de défense des droits humains, qui dénoncent une nouvelle atteinte à la liberté d’expression et à la démocratie au Rwanda. Plusieurs organisations internationales appellent à sa libération immédiate et à un procès équitable, si des poursuites sont maintenues.
Source : DW Afrique
Affaire à suivre.