Le procès de l’ancien ministre de l’Enseignement pré-universitaire, Ibrahima Kourouma, s’est poursuivi ce lundi 17 mars 2025 devant la chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Face aux accusations portées contre lui, l’ex-ministre a adopté une posture ferme, dénonçant un rapport qu’il qualifie de biaisé et dénué de toute confrontation contradictoire.
Des accusations basées sur un rapport contesté
Lors de l’audience, le juge Yacouba Conté a rappelé les conclusions du rapport de l’Inspection Générale d’État (IGE). Ce document fait état d’un préjudice estimé à 287,8 milliards de francs guinéens, correspondant à des fonds prétendument détournés sur plusieurs exercices budgétaires entre 2011 et 2016.
Mais pour Ibrahima Kourouma, ces chiffres sont infondés et ne reposent sur aucune procédure équitable. Il a vivement critiqué l’absence de débat contradictoire autour du rapport.
> « Je suis dans une position très claire, et je m’excuse du terme, mais ce n’est pas après trois ans de prison que je vais accepter des chiffres qui n’ont fait l’objet d’aucun débat contradictoire. Ce rapport est nul et non avenu. »
L’ancien ministre a dénoncé une enquête menée « dans son dos », soulignant que les inspecteurs auraient travaillé sur le dossier un an après son arrestation sans jamais le convoquer pour une explication.
« Ces inspecteurs ont travaillé un an après mon arrestation sans jamais venir me confronter à ces accusations. »
Une absence de confrontation qui suscite des doutes
Kourouma affirme qu’il n’a jamais été informé des montants qui lui sont reprochés avant la lecture de l’ordonnance de renvoi devant la CRIEF.
« C’est ici, en lisant l’ordonnance, que j’ai appris l’existence de ce montant. Je n’ai pas été consulté, je ne connais rien de ce rapport. »
Selon lui, la méthodologie employée pour établir ces conclusions est contestable, car aucun échange n’a eu lieu avec lui pour clarifier la gestion des fonds incriminés.
« Si on m’avait montré ce rapport pour une contradiction, on aurait pu discuter des chiffres. Mais ce n’était pas le cas. »
Un rejet catégorique des accusations
L’ancien ministre se montre déterminé et refuse d’être un bouc émissaire dans ce dossier. Il estime que le rapport a servi de base arbitraire à son incarcération et refuse catégoriquement de le cautionner.
> « Je ne veux pas être celui qui transforme ce rapport en vérité définitive. Ce rapport a été la base de mon emprisonnement, et je refuse de le cautionner. »
Faisant appel à l’équité et à la justice, il a interpellé le juge sur la nécessité d’une procédure plus transparente.
> « Vous êtes un homme de justice, Monsieur le juge, et vous recherchez l’équité. Ces inspecteurs ont mal travaillé et doivent assumer leurs erreurs. Ce rapport ne peut pas m’être opposé.
Vers la fin du procès
Après ces déclarations marquantes, la Cour a ordonné la clôture des débats. L’affaire entre désormais dans une phase décisive, avec la présentation des plaidoiries des avocats et le réquisitoire du parquet.
Le verdict de ce procès très médiatisé pourrait bien avoir des conséquences majeures sur la lutte contre la corruption en Guinée et la perception de la justice par l’opinion publique.
Miroirguinee.com